La perte d'un conjoint est l'une des expériences les plus dévastatrices que l'on puisse vivre. Outre le chagrin et la douleur émotionnelle, la mort d'un être cher soulève également des défis pratiques, notamment en ce qui concerne la gestion des affaires numériques et des comptes en ligne du défunt. Parmi ces défis, la question du téléphone portable du conjoint décédé est souvent particulièrement 

délicate à aborder.

Pour de nombreux couples, les téléphones portables sont bien plus que de simples outils de communication ; ils contiennent des souvenirs, des conversations précieuses et des traces de la vie partagée. Après la perte d'un conjoint, le téléphone portable devient souvent un précieux reliquat de la personne aimée, offrant un lien tangible avec le passé et un moyen de se sentir plus proche d'elle, même en son absence.

Pour Mme Haidara Antou, une quadragénaire qui a perdu son mari il y a de cela quelques années, il ne sert à rien de regarder le contenu d’un défunt car on pourrait y trouver des choses qui vont entraver sa mémoire à jamais. « En tout cas, j’ai choisi de remettre le téléphone à ses parents dès le premier jour de son décès ».

Cependant, la gestion du téléphone portable d'un conjoint décédé peut être complexe et émotionnellement chargée comme le pense Mme Haidara. Les questions se posent sur ce qu'il faut faire du téléphone, que ce soit pour conserver les souvenirs et les messages, pour récupérer des informations importantes ou pour simplement éliminer un objet douloureux. Chaque choix comporte ses propres défis et implications émotionnelles, et il n'y a pas de réponse universelle ou facile.

Certains veufs et veuves choisissent de conserver le téléphone de leur conjoint comme un précieux souvenir de leur relation, en le conservant tel quel ou en le transformant en un objet commémoratif, tel qu'un album photo numérique.

Monsieur Touré Abdourahmane pense que c’est évident qu’il faut garder et exploiter le téléphone d’un conjoint décédé car il faut pouvoir gérer les instances encours afin même que l’âme de la personne disparue puisse reposer en paix. « J’utilise toujours le téléphone de ma femme décédée. Les premiers jours c’était nécessaire car j’ai appris qu’elle devait de l’argent à des personnes que j’ai pu rembourser. »

Pour d'autres, le téléphone peut devenir une source de douleur et de peine, rappelant trop cruellement l'absence de l'être cher. Dans ces cas-là, la décision peut être prise de supprimer les données du téléphone ou de le donner à une œuvre de bienfaisance ou à une personne dans le besoin.

Madame Dembélé, une jeune veuve d’une trentaine d’années à elle vécu cette douloureuse expérience qui l’a traumatise jusqu’à présent. Après le décès de son mari, elle a regardé dans son téléphone les traces de toutes les relations extra-conjugales qu’il entretenait avec d’autres femmes. Elle a même entendu un vocal où le défunt parlait d’elle en mal avec ses parents. Selon elle « Après son décès, j’ai vraiment eu du mal à avoir de la peine pour lui et j’ai mal vécu ma période de veuvage »

Quelle que soit la décision prise, il est important de reconnaître que chaque individu vivant un deuil a des besoins et des préférences différents. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise façon de gérer le téléphone d'un conjoint décédé, et il est important de respecter le processus de deuil de chaque personne et de lui offrir un soutien et une compréhension sans jugement.

En fin de compte, le téléphone portable d'un conjoint décédé peut devenir un symbole puissant de l'amour et du lien partagé, ou il peut devenir un fardeau émotionnel difficile à supporter. Quelle que soit la manière dont il est géré, il est important de se rappeler que le téléphone n'est qu'un objet, et que les souvenirs et l'amour partagés avec le conjoint décédé demeurent intacts, même sans lui.

Assétou Diarra pour NouvElles du Mali