En cette période de pluie, le constat est amer pour les chefs de familles musulmans qui doivent acquérir un mouton a sacrifié pour la fête de Tabaski. En effet les années précédentes, en pareille période,

la ville bamakoise regorge de moutons à tous les coins de rue, tel n’est pas le cas actuellement. Pour savoir le pourquoi de cette pénurie, nous avons interviewer un vendeur de mouton qui exerce ce métier depuis plus de 5 ans. Il se nomme monsieur Amadou Sacko et habite le quartier Sogoniko.

Question de la rédaction

Nous avons constaté la rareté des moutons dans la ville de Bamako cette année 2019 contrairement à d’autres années à la même période, selon vous  qu’est ce qui explique cette situation ?

Sacko vendeur de moutons:

Le prix du mouton sera trop élevé cette année. Il sera difficile d’en acheter. J achète et j’élève les moutons 3 à 4 mois maximum avant la fête. Mes moutons proviennent des Dogons, mais cette année, vu l’insécurité ces derniers ne se sont pas déplacés donc j’ai dû m’approvisionner très  cher ailleurs. Les hommes ont peur de quitter leurs locaux pour venir vendre leur  mouton  à Bamako. Récemment on a enlevé des gens avec leur mouton sur la route. A ce rythme, il sera difficile que tout  le monde puisse  avoir un mouton pour la fête.

Question de la rédaction

D’où proviennent les moutons vu que les dogons ont des problèmes à se déplacer ? 

Sacko vendeur de moutons:

Actuellement, 90 % de mes moutons proviennent des burkinabé précisément  les « Mossi », car ils proposent des moutons de bonne qualité à des prix raisonnables. Certains éleveurs qui ont peur de se déplacer à cause de l’insécurité, vont directement s’approvisionner au niveau des foires aux moutons appelés « Grabali » ici même à Bamako. C’est ce qui explique pourquoi les moutons sont chers.

Question de la rédaction

Pouvez-vous nous parler du prix moyen des moutons cette année ? 

Sacko vendeur de moutons:

Les prix de moutons varient selon leur provenance, en moyenne les moutons coutent de 75 000Fcfa à plus. Il n’y a pas de limites c’est selon les budgets.

Question de la rédaction

Est-ce que les musulmans sont obligés d’acheter le mouton pour la fête de Tabaski ? Ne peuvent-ils pas acheter d’autres types de bétails ?

Sacko vendeur de moutons:

Oui Biensûr ! Selon l’islam, le sacrifice qui doit être fait le jour de la fête de Tabaski, dépend des moyens du musulman. Le sacrifice peut être un mouton, une chèvre et même des poulets selon les budgets. Je pense d’ailleurs que cette année, certains risques d’envisager ces choix là.

Question de la rédaction

En tant qu’éleveur décrivez nous votre métier ? Quel est votre  rentabilité? 

Quels sont vos difficultés ?

Sacko vendeur de moutons:

Vraiment le métier d’éleveur est un métier noble qui m’a beaucoup apporté dans la vie. Généralement j’achète les moutons entre 40 000 Fcfa et 60 000Fcfa. Je m’occupe d’eux environ trois mois avant de les vendre. Mais avant de les acheter,  je  vérifie  si l’animal est  bien portant,  s’il n’est pas trop fatigué, s’il a faim et s’il n’est pas trop petit car c’est souvent compliqué d’élever les tous petits. Ensuite, je me rassure de leur santé en les soignant et en les déparasitant avec l’appui de mes vétérinaires. Il faut également veillez  à leur croissance, leur  hygiène et leur nourriture. J’achète  la nourriture  de mes moutons derrière Sabalibougou où il y a un petit village appelé Dougoulakoro ou à kogni qui sont moins chers par rapport à Bamako.  Pour la nourriture des moutons, je le fais moi même en mélangeant du foin « Tourto », du « Bou nafama », du maïs et du sel.  Je leur donne à manger et à boire une fois par jour (à 14 heures précises). En tous, les dépenses généralement sur les moutons peuvent atteindre les 40 000Fcfa durant les trois mois d’élevage. Donc en moyenne, je les vends entre 75000Fcfa pour les plus petits, 150 000Fcfa, voir plus pour les grands. Pour faire ce métier, il faut de la patience, du courage et beaucoup d’effort physique. Les difficultés sont généralement le fait que nous investissons dans la prise en charge des moutons et souvent ils peuvent mourir malgré tout avant la vente.

Question de la rédaction

 Est- ce que vous pensez que cette année l’état va subventionner les moutons ?

Sacko vendeur de moutons:

Pour le moment, il n’y aucun accord entre nous et l’état à ce que je sache. Peut être à la dernière minute çà peut changer.

 Rokiatou Diarra pour Nouvelles du Mali