Saviez-vous qu’il existait des mèches naturelles du temps de l’Empire Mandingue ?

Les tresses africaines sont bien plus qu'une simple coiffure. Elles représentent un riche patrimoine culturel, un art ancestral et une forme d'expression personnelle. Dans de nombreuses cultures africaines et notamment au Mali, les tresses jouent

un rôle significatif qui va au-delà de l'esthétique, reflétant des aspects variés de la vie sociale, spirituelle et identitaire.

Les tresses ont une longue histoire au Mali notamment dans l’empire mandingue (Empire du Mali) dont est originaire le Mali. Les techniques varient d'une région à l'autre, selon les ethnies et les croyances. Cette tradition liée aux coiffures remonte à plusieurs milliers d'années. Les archéologues ont trouvé des représentations de coiffures tressées dans des artefacts et des œuvres d'art antiques, témoignant de la manière dont les tresses étaient déjà une partie intégrante des cultures africaines anciennes.

Les techniques de tressage se sont développées au fil du temps, intégrant des éléments culturels locaux et des influences extérieures. Les styles varient de simples tresses à des motifs plus complexes, incluant des tresses en forme d’épi de maïs, des tresses en spiral et des coiffures élaborées souvent ornées de cauris et d’accessoires.

Nous sommes partis à la rencontre d’une bibliothèque humaine pour nous édifier sur les tresses du mandingue et leur signification. Elle se nomme Baraba Coulibaly, cette octogénaire nous parle des tresses de l’époque de l’empire Mandingue.

Selon elle, les tresses peuvent indiquer l'appartenance à un groupe ethnique ou social particulier. Dans certaines communautés, les motifs de tresses spécifiques sont associés à des clans ou à des familles. Elles peuvent aussi marquer des étapes importantes de la vie, telles que la puberté, le mariage, le décès ou des cérémonies religieuses.

On parle par exemple de tresses « Kankélé » pour un style de tresses élaborées souvent portées par les femmes nobles ou lors d'occasions spéciales. Les tresses « N'ding » qui sont un style de tresses serrées et décoratives, parfois portées par les jeunes femmes mariées. Les tresses « Donsoké » qui sont ornées de perles et d'autres décorations, symbolisant la beauté et la richesse. Les tresses « Fama » qui sont généralement volumineuses et en couches, portées pour mettre en valeur le statut social ou l'élégance. Les tresses « Mady » plus simples et pratiques, portées au quotidien par beaucoup de femmes. Les tresses « Mansa » particulièrement fines et serrées, portées par les femmes de haut rang ou lors de cérémonies importantes.

Ces noms ne sont qu'un échantillon de la diversité des styles de tresses qui existaient dans l'Empire du Mandingue, chaque style ayant sa propre signification culturelle et sociale. En plus de ces styles, certaines tresses étaient plus utilisées spécifiquement par rapport à une région et une ethnie donnée. Ainsi chaque ethnie avait ses tresses dédiées et ces tresses les caractérisaient dans la société. Ainsi on pouvait reconnaitre une femme Peulh d’une femme Bambara ou d’une femme Soninke ou encore d’une femmes khassonké, rien qu’à travers leurs tresses.  

Les tresses sont également un moyen d'expression personnelle. Elles permettent aux individus de montrer leur créativité et leur style unique. Les jeunes générations continuent de réinventer les styles traditionnels en y ajoutant des touches modernes, créant ainsi un dialogue entre le passé et le présent. Ainsi le « bolognè » (tresse en avant) et le « boloko » (tresse en arrière) sont des styles de tressages qui sont beaucoup utilisés par les générations nouvelles appelé notamment le « style nappy ».

Outre leur rôle esthétique, les tresses sont extrêmement pratiques. Elles aident à protéger les cheveux contre les dommages environnementaux, facilitent leur entretien et permettent de maintenir les cheveux en place pendant des activités physiques.

Selon Baraba, dans certaines traditions, les tresses sont liées à des pratiques spirituelles. Elles peuvent être utilisées pour canaliser des énergies spécifiques ou pour représenter des aspects de la spiritualité personnelle et communautaire.

Les tresses maliennes sont bien plus que des ornements capillaires ; elles sont un témoignage vivant de la richesse culturelle, de l'histoire et de la diversité du Mali.

Et pour ceux qui ne le savaient pas, en son temps, l’Empire du Mandigue disposait de ces propres mèches naturelles confectionnés à partir de fibres de la plante d’hibiscus ou "Dah" en Bamanakan teintés en noir et appelé le "Yochi". Que ce soit à travers des motifs complexes ou des styles simples, les tresses continuent de représenter une célébration de l'identité personnelle et collective, offrant un aperçu fascinant de la beauté et de la profondeur de la culture malienne.

Assétou Diarra pour Nouvelles du Mali