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Edito par Assétou Diarra, Journaliste à NouvElles du Mali
Le Mali, un pays historique en Afrique de l'Ouest, traverse une phase cruciale de son histoire avec la transition politique en cours. Depuis le coup d'état militaire du 18 août 2020 et la rectification de la transition en 2021, le pays semble avoir pris des mesures audacieuses pour restaurer son autorité nationale et se libérer des chaînes du néocolonialisme. Toutefois, le discours prononcé par un acteur clé de la transition révèle des tensions internes profondes et des risques de déstabilisation qui menacent l'avenir du Mali et de la région.
Une Transition sur le fil du rasoir
Le discours de ce leader malien met en lumière la volonté affirmée du gouvernement de la transition de mettre fin au paternalisme colonial et de construire un Mali Kura (Mali nouveau), fondé sur l'intégrité et la souveraineté nationale. Dans cette optique, la création de la Confédération des États du Sahel (AES) apparaît comme un symbole de l'engagement du Mali vers une intégration sous-régionale véritablement indépendante. Cette initiative, bien que respectant la volonté des peuples du Burkina Faso, du Mali et du Niger, n'a cependant pas été exempte de défis internes. La gouvernance de la Transition, au-delà de ses résultats en matière de sécurité et de rétablissement de l'ordre, semble de plus en plus marquée par des fractures politiques internes.
Le discours se fait écho des risques de dysfonctionnement au sein du gouvernement malien, particulièrement au sujet de l'Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE), un organe essentiel à la réalisation des réformes promises. L'absence de concertation, notamment la prorogation unilatérale de la transition, sans débat préalable avec les partenaires politiques et sociaux, soulève des questions de transparence et de gestion démocratique. Le Premier ministre, censé être au cœur des discussions stratégiques, semble ignoré dans certains processus cruciaux, exacerbant ainsi les tensions entre les acteurs clés.
Une Transition sous pression : Divisions et contradictions internes
La situation décrite dans les discours fait état d’une transition qui peine à maintenir son cap face à une dissidence interne de plus en plus marquée. Le message met en garde contre des manœuvres de certains anciens soutiens du régime précédent qui, ayant vilipendé la transition, se réintègrent dans le processus, sans sincérité apparente, juste pour tirer parti de la situation. Cette attitude opportuniste pourrait nuire à la cohésion interne et à l'efficacité du gouvernement de la Transition. L'existence de factions au sein même du Comité Stratégique du M5-RFP, par ailleurs partenaire de l’ex-CNSP (Comité National pour le Salut du Peuple), constitue une vulnérabilité supplémentaire dans le processus de refondation du pays.
Le point clé de l’intervention est que les anciennes pratiques de manipulation politique, telles que l’instrumentalisation des partis politiques et la confusion générée par la multiplication des structures politiques, risquent de revenir en force. En effet, de 200 partis politiques en 30 ans, le Mali en a créé 100 supplémentaires en seulement deux ans depuis le début de la transition. Ce chiffre impressionnant témoigne d'une volonté de confusion et de manipulation de la part de certains acteurs, dans un contexte déjà fragilisé par l’insécurité notamment au nord et au centre du pays.
Cette dynamique interne, couplée à une absence de planification claire pour la fin de la transition, soulève des inquiétudes concernant l'avenir politique du Mali. Le discours met en exergue la menace de la division, avec des acteurs politiques maliens faisant allégeance à des intérêts extérieurs, notamment ceux des groupes terroristes qui voient dans cette fragmentation un terrain propice pour étendre leur influence dans la région du Sahel.
Unité et patience stratégique : Un impératif pour l’avenir du Mali
Face à ces défis internes, le leader malien appelle à une vigilance accrue et à l’unité nationale. Le principe d'une union sacrée, en dépit des dissensions internes, est présenté comme l'élément fondamental pour faire face aux ennemis internes et externes de la transition. L’accent est mis sur l’importance de maintenir la cohésion autour des autorités de la transition, en particulier le respect de la personne du Chef de la transition, dont l’autorité semble aujourd’hui remise en question par certains acteurs. Le soutien aux Forces Armées Maliennes (FAMa), qui ont redonné au pays sa souveraineté sur une grande partie de son territoire, est également un point essentiel dans cette logique d’unité nationale.
L’appel à l’unité fait écho à une véritable guerre de narration, où les acteurs politiques, sociaux et militaires doivent faire preuve de discernement pour ne pas céder à la division. Le discours se fonde sur une analogie avec la fable du "Lion et des deux taureaux" pour rappeler que l’union face à l’adversité est la seule garantie de victoire face à des forces extérieures cherchant à déstabiliser le pays. La référence à l’histoire de la résistance malienne, en particulier face à la colonisation française, sert de cadre symbolique pour inciter à la préservation de la souveraineté nationale.
En conclusion : une transition fragile, mais porteuse d’espoir
L’analyse de ce discours révèle un équilibre fragile entre l’espoir d’une refondation nationale et les multiples obstacles auxquels le pays fait face. Le Mali semble se trouver à un carrefour historique où la vigilance et l’unité restent les maîtres-mots pour la réussite de la transition. Cependant, les divisions internes, les ambitions personnelles et la manipulation politique représentent des menaces réelles pour la stabilité du pays.
“Ne dit-on pas que le linge sale se lave en famille”, si le Mali parvient à régler les problèmes internes de façon à ce qu'ils n’éclatent pas à la figure de ceux là même qui le critique, alors il pourra maintenir son unité et à surmonter ces défis internes. Il pourrait effectivement poser les bases d’un Mali Kura, libéré des anciennes pratiques politiques et plus indépendant vis-à-vis des influences extérieures. Mais pour cela, il est impératif que tous les acteurs politiques, militaires et sociaux placent l’intérêt national au-dessus des considérations partisanes. C’est seulement ainsi que le Mali pourra surmonter les crises actuelles et réaliser son potentiel historique, en tant que moteur de changement pour l'Afrique de l’Ouest et au-delà.
Assétou Diarra pour NouvElles du Mali