NouvElles du Mali est un site d’information dont la ligne éditoriale est dédiée aux thématiques féminines. On nous demande souvent si cela veut dire que nous ne traitons pas des sujets qui intéressent les hommes ? A ceux là nous répondons simplement que les sujets qui intéressent les femmes concernent plus les hommes. NouvElles du Mali existe justement pour apporter un peu d'équilibre dans le traitement des sujets liés au genre qui sont souvent peu estimés par les médias.
En exclusivité cette année, nous vous proposons votre nouvelle émission: A VOUS L'INFORMATION ! A vous l'information : votre émission qui va vous permettre de faire votre propre analyse des informations que vous rencontrez sur les réseaux sociaux.
NouvElles du Mali, L'information par les femmes et pour les femmes!
Le travail de domestique est répandu au Mali comme partout en Afrique, mais jusqu'à aujourd'hui, ce métier est loin d’être régi par la loi, dans notre pays. La crise économique, la pauvreté et le manque de chances pour les jeunes dans les villages ont accru l’exode rural.
Les jeunes et notamment les filles viennent chercher du travail dans les villes. Payées au rabais, la grande majorité de ces filles qui travaillent comme domestiques sont la plupart analphabètes. En effet, elles abattent un travail d’Hercule, souvent dans des conditions inhumaines. Cette autre forme d'exploitation a poussé l'ONG-APAFE Muso Danbé (Appui à la promotion des aides familiales et à l'enfance) de monter au créneau, pour la protection des filles domestiques.
" Sans être au courant des réalités des villes, les aides familiales y parachutent. Travaillant très dur pour un salaire de misère (au mieux 10 000 FCFA/mois) et hébergées dans des conditions insalubres, ces filles sont souvent victimes de maltraitances et d'abus de tout genre", déplore Mme Jacqueline Koita, Responsable de APAFE muso Danbé, l'ONG qui assure l'accueil, l'écoute et l'orientation des aides familiales.
Cohabitation qui se termine en queue de poisson
La cohabitation entre patrons et domestiques finisse souvent mal. A l’instant où certaines décident de quitter leurs patrons, on les accuse de vol juste pour ne pas les payer correctement. " A chaque fois que j'ai voulu quitter un lieu de travail, je n'ai jamais été payée correctement...ils m'ont toujours accusée de quelque chose. Pourtant, je me levais chaque jour à 5 heures du matin pour me coucher à 23 heures...", témoigne Bernadette Dembélé, une aide familiale qui s'est trouvée refuge à l'ONG APAFE muso Danbé.
Abus sexuel et grossesse non-désirées
Présentes dans presque toutes les concessions de la capitale pour aider les femmes à préparer et à s’occuper de la maison et des enfants, les aides familiales, devenues indispensables à Bamako, sont souvent victimes d’agression sexuelle : bisous, attouchements, propositions....
Sous anonymat, une fille "bobo" qui a échappé à une tentative de viol de l'époux de sa patronne à Badalabougou, a livré des témoignages édifiants. L'incident remonte à 2016. Mais elle, s’en souvient comme si c’était hier. Selon elle, son violeur a d'abord attendu que son épouse, banquière se rende au travail, avant de lui " sauter dessus". Il l’a embrassée dans le cou, lui a palpé les seins… La jeune femme est restée tétanisée pendant des minutes avant de revenir à elle. “Je l’ai repoussé et je me suis échappée”, précise-t-elle.
Comme elle, elles sont plusieurs aides ménagères à être victimes de violences sexuelles au travail. "Parfois, la victime se tait par honte, et aussi parce qu'elle ne sait pas à qui se confier" déclare Mme Fofana Fatoumata Goundourou, fondatrice de l'orphelinat Falatow Jigiyaso. Les conséquences des abus sexuels commis sur des jeunes femmes sont nombreuses. Il s'agit entre autres le traumatisme physique et psychologique, l’exposition aux IST/VIH et grossesses non désirées.
Depuis son ouverture il y a 40 ans, une dizaine d'enfants issus de grossesses non-désirées ont été élevés par l'orphelinat Falatow Jigiyaso. Selon Mme Fofana Fatoumata Goundourou, la plupart de ces enfants ont été rendus par des aides ménagères victimes de viol, et ont quitté la brousse fiancées ou mariées.
Indispensable mais invisible auprès des autorités publiques
Population indispensable, les droits des aides ménagères appelées "bonnes ou servantes" sont les plus souvent bafoués, car elles sont moins visibles auprès des autorités publiques. Pour cela, l'ong APAFE muso Danbé veille au grain. Elle entend défendre leurs droits et améliorer leurs conditions de travail et d’hébergement.
" Dans chaque quartier de la commune V du district, nous avons mis en place un comité d’éducation aux droits humains ; ces structures veillent aux droits des servantes", a laissé entendre Djedouma Koné, animateur à l'ONG Apafé muso Danbé.
Selon Mme Jacqueline Koita, les choses évoluent, mais les efforts sur le terrain ne sont pas assez, il faut donc de l'accompagnement de la justice pour la protection des droits de servantes. " On amène des cas au tribunal, mais on n'a jamais de suite…". Néanmoins, l'ONG entend poursuivre sa mission, afin de retrouver les fauteurs de troubles-là pour ensuite les mettre à la disposition des tribunaux. Il revient donc à la justice de faire son devoir.
Mouhamar
NouvElles du Mali