NouvElles du Mali est un site d’information dont la ligne éditoriale est dédiée aux thématiques féminines. On nous demande souvent si cela veut dire que nous ne traitons pas des sujets qui intéressent les hommes ? A ceux là nous répondons simplement que les sujets qui intéressent les femmes concernent plus les hommes. NouvElles du Mali existe justement pour apporter un peu d'équilibre dans le traitement des sujets liés au genre qui sont souvent peu estimés par les médias.
En exclusivité cette année, nous vous proposons votre nouvelle émission: A VOUS L'INFORMATION ! A vous l'information : votre émission qui va vous permettre de faire votre propre analyse des informations que vous rencontrez sur les réseaux sociaux.
NouvElles du Mali, L'information par les femmes et pour les femmes!
C’est facile de dire, il faut créer de l’emploi, mais la question, c’est comment on fait ? Qu’est ce qui est prévu pour les jeunes africains ? L’autonomisation de la femme c’est bien pour la croissance économique, mais qui éduque nos enfants ? Quel est le rôle de la planification familiale?
Le dividende démographique c’est tout ce qui a un rapport avec le changement structurel de la population. Tout d’abord, nous avons le premier dividende démographique qui se traduit par ses effets positifs car il s’applique directement à la jeunesse actuelle. En Afrique subsaharienne, ses effets positifs constituent principalement la jeunesse.
En effet, la jeunesse africaine constitue une grande majorité de la population ce qui fait d’elle un potentiel élevé d’accélérateur de croissance économique appelé le bonus démographique. Cependant l’Afrique ne pourra compter sur ce bonus démographique qu’à condition d’investir dans sa jeunesse, en l’assurant d'une éducation et d'une santé de qualité, en la dotant de formation de dernières générations, en l’encourageant à la création d’entreprises et entres autres en la garantissant des emplois.
Ensuite, nous avons le second dividende qui concerne plutôt les générations futures c’est-à-dire que l’investissement se fera sur les prochaines générations et leurs enfants.
Selon le Docteur Latif Dramani, professeur et chercheur à l’Université en sciences économiques et sociales de Thiès au Sénégal, « Aujourd’hui la jeunesse est vraiment au centre du dividende démographique surtout pour les pays africains alors que les pays asiatiques et européens ne parlent pas de la même manière du dividende démographique que nous. Pour eux, on parle beaucoup plus de vieillissement, c’est-à-dire comment bien vieillir ? Donc la question du dividende démographique dépend de l’endroit on l’on se trouve. Donc c’est çà, nous, les pays du sud, on est concerné par le dividende démographique de premier dividende et les autres sont intéressés par le second dividende. »
Dans 30 ou 50 ans, est ce que cette jeunesse d’aujourd’hui pourra relever les défis en matière de croissance et de développement durable des pays africains ? Comment investir dans la jeunesse africaine pour pouvoir bénéficier du dividende démographique gage d’une croissance accrue de développement?
Voici les grands défis de dividende démographique que doivent relever les dirigeants africains pour assurer l’atteinte des objectifs de développement.
Même si dans la plus par des pays africains, on sait que la transition démographique est en cours car le taux de fécondité est entrain de baisser, de nombreux efforts doivent d’être faits afin de mieux investir dans la jeunesse. A cet effet, plusieurs programmes internationaux sont en cours, notamment, l’objectif 2030 qui est l’agenda des Objectifs de Développement Durable (ODD) des nations unies, mais pour la première fois, il y a également l’agenda que les pays et leaders africains ont adoptés qu’on appelle l’agenda 2063 de l’Union africaine qui se base sur la capacité des jeunes et le renforcement des inégalités liées au genre.
Par rapport à ces défis et toujours selon Docteur Dramani, « pour la question de la jeunesse, c’est une question d’arbitrage, parce que c’est facile de dire, il faut créer de l’emploi, mais la question est, comment on fait ? Qu’est ce qui est prévu pour les jeunes africains ? En réponse à ces questions, l’une des méthodes les plus récentes est celle utilisée par la chine, la solution de l’enfant unique. La solution de l’enfant unique est le fait de forcer la population à avoir un seul enfant. Cette méthode marche parce que c’est par rapport à l’économie générationnelle. C’est-à-dire si vous prenez cinquante ans ou soixante ans, vous vous rendez compte que plusieurs générations ont travaillé pour qu’une seule personne hérite et c’est pourquoi aujourd’hui les chinois sont hyper riche parce qu’il y a de l’argent. C’est comme si dans nos familles, il n’y avait qu’une seule personne qui héritait à chaque fois de tout ce qui avait été fait durant plusieurs générations. Donc, au bout d’un certain temps, même si vous avez commencé pauvre, avec les contributions de vos grands parents, de vos alleux, votre descendance finit par être riche. Et c’est ce qui fait aujourd’hui, qu’il y a près de deux cents millions de chinois qui ont vraiment de l’argent liquide, ils n’ont même pas besoin d’aller à la banque, et c’est ce qui fait le boom de la chine. C’est vrai qu’il y a des gens qui sont pauvres mais il y en a surtout qui ont vraiment de l’argent liquide. Çà c’est une méthode extrême du dividende démographique.
Autre exemple de solution de dividende démographique dans un pays musulman, en Malaisie. Ils ont investis dans l’autonomisation de la femme et l’éducation de masse dans les campagnes. C’est-à-dire, on se dit si on encourage les femmes à développer leur entreprenariat alors elles seront très occupées et n’auront plus le temps de faire les enfants. On n’a pas besoin de dire aux gens ne faites pas d’enfants, il faut juste créer les conditions qui feront que les gens ne pourront plus le faire, c’est ça le dividende démographique. Le résultat que ça donne au bout de 10 à 15 ans c’est que, les femmes sont autonomes, elles vont travailler et sont émancipées donc elles n’ont plus le temps de faire des enfants et leurs apports en matière de croissance économique augmentent car elles sont nombreuses. C’est tout ! »
Généralement les méthodes qu’elles utilisent pour freiner le nombre d’enfants c’est les méthodes de la planification familiale, bien que la planification soit en faite l’espacement des naissances et non la limitation des naissances. Cependant, dans cette usage du dividende démographique d’autres aspects rentre en compte, par exemple dans le cas de la Malaisie, le temps de travail domestique des femmes diminue alors que c’est aussi pendant ce temps que les femmes doivent éduquer leurs enfants, leur inculquer les règles de politesse, de savoir vivre, de respect et bien d’autres règles de vie, qui sont extrêmement utile au développement personnel de l’enfant. Par exemple, dans un contexte malien où les travaux domestiques sont de plus en plus basculés vers les aides ménagères qui sont dans la plus part des cas non alphabétisées, les conséquences peuvent être désastreuses pour la société.
Docteur Dramani nous parlent justement des conséquences de ce type de dividende démographique s’il n’est pas bien encadré, « Ce sont les questions que l’on se pose aujourd’hui, c’est les questions d’arbitrage. Je vous donne l’exemple de l’Allemagne. Aujourd’hui en Allemagne, une femme qui a trois enfants, on lui verse son salaire chaque mois, elle ne travaille plus et elle reste à la maison. Parce qu’on incite à faire des enfants et même avec çà les femmes ne veulent pas. Parce que justement l’Allemagne risque au bout d’un certain nombre de génération, l’extinction de son espèce si les femmes ne veulent plus faire d’enfants. Dans le cas des pays africains, quand on utilise l’économie domestique on se rend compte d’une chose, le capital humain initialement, le modèle de base de la société c’est à dire c’est le contrat sociale est bouleversé. Ce contrat social, c’est-à-dire le contrat de mariage, dit que c’est l’homme le chef de ménage et c’est lui qui amène les ressources, c’est le code de la famille. Maintenant ce qui se passe, c’est que tout cela est entrain d’être démantelé à cause du fait que la femme va sur le marché du travail parce que sur le marché domestique personne ne paye. Si vous restez à la maison personne ne vous donne de l’argent. Au Sénégal, en moyenne les femmes travaillent à la maison (travaux domestiques) environ 6h par jour contre 45 minutes pour les hommes. Mais dans le modèle de base qui était aussi bien chez les blancs que chez nous, la société lui avait donné à la femme, le rôle de la transmission des connaissances et de la formation des générations futures. Alors qu’aujourd’hui avec ce qui se passe avec le libéralisme sauvage, c’est qu’il va y avoir une cassure générationnelle. C’est-à-dire, Monsieur est un grand intellectuel et va travailler toute la journée, Madame est une grande intellectuelle et va travailler toute la journée, qui s’occupe de leurs enfants? L’aide-ménagère ? L’aide-ménagère n’est pas formée à la transmission des connaissances. Et donc même si nous sommes de grands intellectuels, nos enfants seront des ignares qui n’ont aucun niveau, soient ils seront des drogués ou des alcooliques car on n’est même pas là pour les surveiller ou bien ils seront des délinquants, des violents, etc... Et c’est ce qui se passe aujourd’hui. Donc c’est ça le débat, si on veut faire l’autonomisation de la femme, c’est bien mais quelles sont les limites ? Et ce sont là les problèmes d’arbitrages que nous avons actuellement.»
C’est à ce moment où on se rend réellement compte que le dividende démographique est un facteur très important à prendre à compte pour le développement de la société et des générations futures. La question de la jeunesse est liée à la question de comment on les a éduqué ? Qu’est ce qu’on les a transmis comme valeur ? Et qu’est-ce que, eux ils vont transmettre à leur tour ?
Ce sont là, les questions qui méritent d‘être répondu autour d’un dialogue social pour savoir qu’est qu’on veut comme équilibre pour nos sociétés africaines car si l’Afrique n’anticipe pas sur le dividende démographique, on le subira mais de pleins fouets.
Assétou Diarra pour nouvelles du Mali