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NouvElles du Mali est un site d’information dont la ligne éditoriale est dédiée aux thématiques féminines. On nous demande souvent si cela veut dire que nous ne traitons pas des sujets qui intéressent les hommes ? A ceux là nous répondons simplement que les sujets qui intéressent les femmes concernent plus les hommes. NouvElles du Mali existe justement pour apporter un peu d'équilibre dans le traitement des sujets liés au genre qui sont souvent peu estimés par les médias. 

En exclusivité cette année, nous vous proposons votre  nouvelle émission: A VOUS L'INFORMATION ! A vous l'information : votre émission qui va vous permettre de faire votre propre analyse des informations que vous rencontrez sur les réseaux sociaux.

NouvElles du Mali, L'information par les femmes et pour les femmes!

Les femmes de SAFO se demandent où sont les médecins promis à la commune ? Zéro médecin pour une population de 38000 habitants environ !

Pourquoi  en 2018, le Mali n’a consacré que 5.8 % de son budget national à la santé contre 15% recommandé lors des accords signés par les chefs d’états africains à Abuja dont fait parti le Mali ?

Analyser  et discuter sur les problèmes structurels et opérationnels et les  défis du secteur de la santé sexuelle et reproductive dans la commune de SAFO, tels sont les objectifs visés par le forum municipal sur la santé reproductive et sexuelle  qui s’est tenu  à la mairie de SAFO à 15Km de Bamako, ce mardi 17 septembre 2019.

Maire, Chefs de village, leaders religieux,  représentants des services de santé (Matrone, Relais communautaire, Agents de santé communautaire, etc.), leaders des femmes, acteurs de la société civile, ONG et Associations nationales et internationales, tous sont là, afin de rehausser le niveau des indicateurs  de santé reproductive et sexuelle dans  la commune de SAFO.

Cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’un projet qui va donner l’opportunité aux organisations membres du consortium du groupe PIVOT SANTE POPULATION ,  de faire des plaidoyers et de mettre en œuvre  des activités de renforcement de capacité des coalitions visant à élaborer  des politiques et des stratégies  de santé sexuelle et reproductive dans quatre pays subsahariens notamment le Mali, le Niger, la Guinée et le Burkina Faso.

Selon les indicateurs de « Amplify Change », le Mali, le Niger et la Guinée doivent fournir plus d’efforts sur les thématiques de la santé par rapport au Burkina Faso.

D’après le Directeur de la subvention stratégique « Amplify change »,  Monsieur Sory Ibrahima Monecata,  « en 2018,  le Mali a consacré 5.8 % de son budget à la santé contre 12% au Burkina Faso. Alors que le pourcentage recommandé par la norme d’Abuja est de 15% et cette norme  a été dictée par les chefs d’états de la CEDEAO dont le Mali fait parti.»

Après les discours d’ouverture et sous la présidence du 3ème adjoint au Maire de la commune de SAFO, en charge des thématiques sur la santé, Monsieur Coulibaly Ibrahim,  la rencontre a démarré avec les interventions des panélistes constitués  du représentant de World Vision International,  Monsieur Etienne Tessougue,  du Président de l’association de santé communautaire (ASACO) de SAFO,  Monsieur Adama Konaté et de celui qui occupe le rôle du chef des médecins de l’association de santé communautaire (ASACO), Monsieur Abdoulaye Coulibaly Technicien supérieur en DTC  (Diphtérie, tétanos et coqueluche : Médecine générale, immunologie allergologie, pharmacologie).

 

Cette rencontre qui se veut être un cadre d’échanges et de partages d’expériences et de connaissances a été fortement argumentée aussi bien par les panélistes que par les parties prenantes de la santé sexuelle et reproductive de SAFO. A l’issue des échanges plusieurs manquements et insuffisances furent dégagés.

Selon la mairie, La commune de SAFO fait partie du cercle de  Kati et compte  environ 38 000 Habitants en 2019, reparties entre 14 villages. 

D’après le Maire, Monsieur Ibrahim Coulibaly, «Malgré les problèmes de mariage précoce et de manque de médecins et d’ambulance, les populations ne s’impliquent pas assez  dans la gestion des ASACO et ne font pas confiance aux agents de santé  qui travaillent dans les centres de santé. »

Selon le représentant de World Vision International, Monsieur Tessougue, «  le problème que nous rencontrons en tant qu’ONG de terrain, c’est l’indisponibilité des populations à participer aux activités de sensibilisation et de recevoir les agents de santé communautaire. Les populations préfèrent s’afférer à leurs activités rémunératrices de revenus. A moins d’organiser un atelier avec des perdiems, il est pratiquement impossible  d’avoir la masse. »

Du coté des acteurs de services des centres de santé, le problème majeur est l’insuffisance des matériels de travail. Selon Madame Doumbia Coumba Sacko dite Mah, une infirmière auxiliaire à SAFO : «  nous avons besoin de matériel de travail et de formation. Souvent le problème n’est pas l’insuffisance de compétences mais surtout  de moyens mis à disposition. »

Elle poursuit son témoignage en parlant des difficultés que rencontrent les femmes de SAFO. Selon Mah, « Les femmes de SAFO acceptent la planification familiale (PF). Elles se cachent même pour la faire à l’insu de leur mari. Certains hommes sont réticents parce qu’ils  pensent que si la femme fait la PF, elle peut refuser d’avoir d’autres enfants et peut être même, tromper son mari. Le cas des jeunes filles qui se marient trop tôt est vraiment un grand problème aussi, car elles ont d’énormes difficultés lors de l’accouchement. »

Une des insuffisances  révélées est revenue de façon récurrente par beaucoup d’acteurs présents. Il s’agit du problème d’insuffisance de confiance des populations aux agents qui travaillent dans les centres de santé communautaire.

Prise à l’écart, Madame Traoré Maïmouna Diarra, une habitante de la commune, se confie : «  les réels problèmes que nous avons à SAFO ici, c’est le manque de médecin. Parce qu’il y a plus de stagiaires que de médecins réellement. Généralement ce sont les stagiaires qui font la consultation aux femmes et elles n’aiment pas ça. Parce que les stagiaires sont trop jeunes et les femmes n’osent pas se dénuder devant eux.  C’est pourquoi les femmes préfèrent rester chez elles et faire de l’automédication, qui pourtant a de nombreuses conséquences auxquelles elles ne sont pas préparées. »

Elle nous donne un exemple. Selon elle, « Tout à l’heure  dans la salle, on a évoqué,  le fait que les femmes ne vont pas en consultation post accouchement, qui se passe 7 jours après l’accouchement, et ce, lors de la première vaccination. La  réalité est que, ce sont les stagiaires qui font cette consultation. Si les stagiaires se font accompagner par des médecins, les femmes vont accepter. Mais se faire consulter par des stagiaires si jeunes qui ont l’âge de nos enfants ?  Les femmes n’accepteront jamais ! »

Autres témoignages qui abordent dans le même sens, celle d’une dame assez âgée, d’une cinquantaine d’années environ, Madame Koniba Konaté.

Elle est une des femmes  leaders de SAFO, «  le problème que nous avons, c’est le problème d’ambulance pour aller chercher les femmes qui habitent dans les zones éloignées. Le deuxième problème, c’est celui des médecins expérimentés et âgés. Les jeunes doivent être encadrés par les médecins. Il y a trop de jeunes dans les centres de santé. C’est au médecin de les encadrer. S’ils font de cette manière, le travail sera bien fait. »

Interrogé sur les révélations de ces femmes et pris en aparté également, le technicien supérieur  en DTC, Monsieur Abdoulaye Coulibaly, nous confirme la présence de ces stagiaires qui proviennent des écoles de santé afin de poursuivre leur formation pratique après celle théorique.  

Selon lui,  «  tous les CSCOM reçoivent ces stagiaires car c’est une obligation pour eux de faire la pratique. Vous savez, généralement les élèves sont des  "enfants "  de l’âge de 18 à 22 ans environ. Ce sont des jeunes qui viennent et on ne peut pas les refuser parce qu’ils sont les futurs travailleurs de demain. Généralement ils nous assistent et on travaille ensemble. Même s’il y a un nouveau  médecin à SAFO, il ne peut pas refuser les stagiaires. Donc ce n’est pas une raison à la sous fréquentation. »

Pour Monsieur Abdoulaye Coulibaly les problèmes sont ailleurs : «  Les problèmes  sont les faibles revenus et l’entêtement des populations. Vous-même vous avez pu le constater dans la salle ! Tout le monde l’a dit : les ONG et  tous les acteurs.  Les stagiaires sont accompagnés tout le temps. Seulement, il arrive souvent qu’on leur demande d’enregistrer le malade ou la patiente  et après on fait les staffs  pour qu’ils puissent comprendre ce qu’on vient de faire. C’est tout ! »

Depuis 2017, la commune de SAFO est en attente des médecins qui doivent être envoyés par le gouvernement malien. Les femmes s’impatientes. Selon une conseillère à la mairie « Nous avons vraiment besoin de médecins à SAFO, les femmes et les enfants souffrent trop lors de l'accouchement ! »

Toujours d’après Monsieur Abdoulaye Coulibaly, Technicien superieur en DTC : « le gouvernement a déjà pris des dispositions pour la médicalisation de tous les CSCOM du Mali,  de ce fait, nous ne pensions pas qu’à ce jour il n’y aurait toujours pas de médecin à SAFO ».

Selon l’OMS, il faut 23 professionnels de santé (médecin, sage-femme et infirmier) pour 10 000 habitants. Nous sommes pour le moment très loin de cela au Mali.

Rappelons que Le groupe PIVOT SANTE POPULATION initiateur de cette activité,  a été créé en 1992 et qu’il vise à contribuer au renforcement et à la professionnalisation  des ONGs et Association intervenant dans le domaine de la santé et des populations.

C’est une faitière qui  regroupe plus de 200 ONG œuvrant dans le domaine de la santé  organisée en consortium constitué du conseil et appui pour l’éducation à la base , de la coalition régionale des organisations de la société civile pour le repositionnement de la planification familiale pour l’Afrique de l’ouest francophone,  de « Humanité &  Inclusion » et de « Ebenezer Internatioale », avec l’appui financier  d’AMPLIFYCHANGE  pour une  durée de deux ans.

Sur le plan continental, Les activités du dit projet sont  réalisées dans sept pays de l’Afrique  subsaharienne repartie  comme suite : le Mali, le Niger, la Guinée et le Burkina Faso représentant l’Afrique de l’ouest ; Malawi et  Zimbabwe pour l’Afrique australe et Ougandan pour l’Afrique de l’Est.

 

 Diallo Assétou Diarra  pour Nouvelles du Mali

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