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Après trois mois de vacances, la rentrée scolaire approche à grands pas. Le Ministère de l'Éducation Nationale a confirmé par un communiqué que la rentrée scolaire initialement prévue pour le 01 octobre est reportée au 04 Novembre 2024 sur l'ensemble du territoire national compte tenu de l'état de catastrophe nationale. Cette prolongation exceptionnelle des vacances d'un mois supplémentaire incite les élèves et leurs parents à mieux se préparer pour une nouvelle année scolaire. Cependant au camp de déplacés internes de Faladié, il n’en est rien! Rares sont d’ailleurs les parents qui sont au courant que la rentrée est pour bientôt.
Selon un communiqué de l’UNICEF en date du 19 Avril 2024, au Mali, plus de la moitié des 7,1 millions de personnes ayant besoin d'aide humanitaire en 2024 sont des enfants. Parmi eux, au moins un demi-million d'enfants en âge scolaire n'ont pas accès à l'éducation car plus de 1 700 écoles ont été fermées en raison de l'insécurité, principalement dans le Nord et le Centre du Mali.
La scolarisation des élèves déplacés internes est un enjeu majeur dans de nombreuses régions touchées par les conflits comme le Mali. Ces enfants, souvent contraints de fuir leur foyer, se retrouvent dans des situations précaires qui compromettent leur accès à l'éducation.
De son côté, Aliou Diallo, âgé de 14 ans, déplacé interne au camp de Faladié, a exprimé son désir de reprendre l'école après avoir abandonné les études en classe de 3 ème année (CE1) pour travailler. Actuellement il souhaite ardemment poursuivre en 4 année (CE2). Cependant, sa mère, en évoquant le terme "baguan woro" en Bambara qui signifie dépiauter un animal de sa peau, a exprimé avec un visage d’inquiétude la nécessité que son fils se consacre à des pratiques économiques pour subvenir aux besoins de la famille.
D'autres enfants souhaitent aller à l'école, mais se heurtent à des obstacles administratifs tels que l'absence d'actes de naissance, souvent perdus ou détruits lors des conflits. Certaines familles n'ont pas la possibilité d'obtenir un jugement supplétif pour permettre à leurs enfants de s'inscrire.
Fatoumata Diallo, âgée de 11 ans, déplacée interne au camp de Faladié, aspire à intégrer le système éducatif, mais se heurte à l'absence d'un acte de naissance et à l'incapacité financière de ses parents. Ses frères et sœurs poursuivent leur éducation dans une école coranique couramment appelée "Medersa".
Si pour la plupart des élèves citadins, les longues matinées de sommeil, les jeux et la télévision sont terminés, pour ceux des camps de déplacés internes, il n’y a pas un grand changement. Ces enfants pour la plupart font de petits commerces ambulants ou restent dans ces lieux avec leurs parents luttant pour survivre dans des conditions de vie précaire qui nécessitent une action urgente et concertée. Beaucoup n'ont pas eu le temps de réunir les fournitures scolaires essentielles, une barrière pour de nombreuses familles, incapables de financer cette dépense.
Selon Madame Maiga Mariam Niangaly, Gestionnaire des sites de déplacés de Faladié au niveau de la Direction Régionale du Développement Social, raconte que particulièrement cette année scolaire, il sera imposé à tous les enfants d’acheter les tenues scolaires. Elle profite ainsi de l’occasion pour faire un SOS aux bonnes volontés afin que les enfants des camps de déplacés puissent obtenir des kits et des tenues scolaires. Cette année, ils ont enregistré 65 enfants scolarisables pour la première année qui seront à la disposition du Centre d’Administration Pédagogique (CAP) de Faladié.
Elle ajoute aussi que “les kits que nous recevons ne sont pas de bonne qualité”. Se sont généralement des livres et des documents que les enseignants n’utilisent pas. Elle lance ce cri de coeur aux partenaires qui veulent faire des donations en kits scolaires : “il faut communiquer et se renseigner d'abord auprès des directeurs d'écoles et des enseignants afin de connaître les besoins et les outils utilisés dans les différentes salles de classes avant de les acheter ”.
Certaines familles de déplacés internes à Faladié trouvent cette situation particulièrement difficile. N'ayant pas les moyens d'acheter des sacs d'école, ces parents estiment qu'un simple cahier et un stylo suffisent pour permettre à leurs enfants de suivre les cours. Les frais liés à l'uniforme scolaire, évalués à 6000 F CFA (environ 10 euros), représentent également un casse-tête à relever pour les parents.
Hama Diallo, le responsable du camp de déplacés de Faladié nous explique à son tour, que cette année ils n’ont pas encore reçu de fourniture scolaire; “Il y a 170 enfants qui ont eu la chance d'être inscrits à l'école Amadou Toumani Touré (ATT) de Faladié. Les autres enfants suivent des enseignements ici dans le ”Garbal” c'est-à-dire le marché à bétail situé sous un hangar”. Cette situation nécessite vraiment une aide pressante.
Sidy Ousmane Arama, le Directeur, de l'Ecole Franco Arabe du site des déplacés de Faladiè, nous raconte : ” Aujourd'hui les enfants des déplacés internes sont plus nombreux que les autres enfants qui fréquentent l’établissement et beaucoup n'ont pas eu accès aux kits scolaires l’année dernière car la distribution se fait en commençant d'abord par les enfants de la première année, ensuite la 2ème année et les restant aux autres enfants”. Selon Arama, les besoins sont quasi-permanents à leur niveau : “Nous demandons de l’aide pour les travaux de construction restante de l'école”.
Sur le site, on déplore que les enfants n’aient pas accès à des installations sanitaires adéquates, l’eau potable et des toilettes pour maintenir une bonne hygiène.
L’accès à l'eau potable, à l'hygiène et à l'assainissement constitue un des défis majeurs des objectifs du développement durable pour tous les déplacés internes mais principalement les enfants qui représentent l'avenir de demain.
Autant de défis à relever qui poussent bon nombre d’acteurs nationaux comme internationaux à apporter leur assistance à ces camps de déplacés internes. Il n’est d’ailleurs pas rare de rencontrer au portail du camp de Faladié, la voiture de la Croix Rouge Malienne ou de voir le logo de l’UNICEF sur une réserve d’eau. D’autres ONG et partenaires telles que l’Association pour le Développement et l’Appui aux Communautés (ADAC), l’Association pour le Développement des Initiatives communautaires (ADICOM), l’ONG CAR SAHELS et bien d’autres encore contribuent aussi en assistant dans le domaine de l'éducation et la protection des enfants de camps de déplacés internes en améliorant leur condition de vie et en offrant des appuis en kits scolaires. On remarque cette année un retard significatif dans les donations.
Cette situation est également due à la crise institutionnelle et sécuritaire que traverse le Mali. Certains partenaires surtout internationaux ont suspendu leur financement et d’autres se sont fait retirer le droit d’opérer au Mali. C’est le cas de l’Agence France Développement (AFD) dont le ministère de l'Europe et des Affaires étrangères français a annoncé le 16 novembre 2022 l’arrêt de l’aide publique au développement de la France au Mali. L’AFD a donc suspendu l’ensemble de ses activités dans ce pays depuis Novembre 2022.
Au vu de la situation actuelle et malgré les efforts du gouvernement, des ONG nationales et internationales, des organisations de la société civile et de tous les acteurs qui interviennent sur ces sites de déplacés internes, le constat reste amer: il reste beaucoup de choses à faire!
Cette rentrée scolaire s'annonce pleine de défis, mais elle représente également une opportunité d'engagement collectif pour soutenir les élèves surtout ceux des camps de déplacés internes dans leur parcours éducatif.
Korotimi Thera pour Nouvelles Du Mali.